Biographies des Maîtres
Kaoru FUNAHASHI, destin brisé de l'Aïkido d'avant guerre
Cette biographie est parue dans le magazine Self & Dragon Spécial Aïkido n°3 - Octobre 2020.
Personnage méconnu, malheureusement disparu dans la fleur de l’âge, Kaoru Funahashi faisait partie des uchi deshi les plus importants du Kobukan Dojo des années trente. Doué pour la pratique, il servit de modèle pour le livre Aiki-Jujutsu Densho.
Kaoru Funahashi (舟橋薫) est né en 1913 dans la préfecture de Tottori. Il est issu d’une famille de fidèles de la religion Omoto Kyo, proche de Morihei Ueshiba.
De l’Omoto-Kyo au Kobukan Dojo
Kaoru intègre le Kobukan dojo, peu de temps après son ouverture, sur recommandation d’une personne liée à la religion Omoto. Il débute ainsi la pratique auprès d’Ueshiba Sensei, en tant qu’uchi deshi, à l’âge de dix-huit ans.
Le jeune Funahashi est l’un des tous premiers élèves internes du maître, il partage ses quartiers avec Hisao Kamada, Ikkusai Iwata et Minoru Mochizuki. Tsutomu Yukawa rejoint le groupe peu de temps après.
Pratiquant sincère, au naturel enjoué, le jeune homme s’épanouit dans sa nouvelle vie. Le rythme est intense, en parallèle des corvées ménagères, il s’entraîne quatre fois par jour, sert quotidiennement son maître et l’accompagne dans ses déplacements.
Doué par la pratique
Au Kobukan, la pratique est sévère et le dojo gagne rapidement le surnom de « Jigoku Dojo », le dojo de l’enfer.
De petite taille, Kaoru possède un corps très souple et chute de façon très habile.
Doué pour la pratique, il est souvent sollicité comme partenaire par maître Ueshiba. Ce dernier salue la qualité de ses ukemis et le traite avec beaucoup d’affection.
Modèle pour le livre Densho
En 1933, Funahashi participe à la création du livre « Aiki-jujutsu Densho » (également appelé Budo Renshu), en tant que modèle.
Ce livre illustré est le premier manuel technique de maître Ueshiba et est principalement destiné aux élèves du fondateur en guise de licence d’enseignement.
A la demande d’O Sensei, Kaoru Funahashi et Shigemi Yonekawa prêtent leurs traits à Takako Kunigoshi, étudiante à l’Université féminine des beaux-arts du Japon chargée des illustrations du livre.
Takako est l’une des deux seules élèves féminine du Kobukan dojo et pratique le plus souvent avec Kaoru car il est le plus souple et le plus petit des uchi deshi.
Les trois jeunes gens prennent l’habitude de travailler les diverses techniques, pendant une heure, après l’entraînement matinal. Après un an de travail, l’ouvrage est publié en 1934. Un second livre est prévu mais il ne sera jamais réalisé.
Instructeur au Budo Senyokaï
Devant faire face à une lourde charge d’enseignement, maître Ueshiba doit s’appuyer sur plusieurs assistants pour remplir ses engagements. Kaoru fait partie des uchi deshi seniors et c’est à ce titre qu’il enseigne activement dans le cadre de la « Daï Nippon Budo Senyokaï », l’association nationale pour la promotion des arts martiaux.
Cette société, créée sous les auspices de la secte Omoto en aout 1932, a pour but la promotion de l'enseignement d’Ueshiba Sensei parmi les adeptes de cette importante communauté religieuse qui possède des installations dans tout le pays.
Funahashi est envoyé en tant qu’instructeur-assistant dans les succursales du Budo Senyokaï, y compris au grand dojo de Takeda, le siège administratif de la secte. Kaoru y sera actif jusqu’au démantèlement de la secte, à la suite du second incident Omoto de 1935.
Par la suite, Funahashi est affecté à Osaka. Aux côtés de Shigemi Yonekawa, Rinjiro Shirata et surtout Tsutomu Yukawa, il enseigne en permanence dans cette région, propice à l’art d’O Sensei, jusqu’au milieu des années trente.
Décès précoce
Après cette période, Kaoru disparaît et l’on n’a plus de ses nouvelles jusqu'à son décès survenu en 1940.
Par malchance, Kaoru Funahashi contracte une pleurésie qui évolue par la suite en maladie pulmonaire. Il succombe à cette maladie qui l’emporte en pleine jeunesse, à seulement vingt-sept ans.
Contribution inachevée
Homme de confiance, proche de la famille Ueshiba, Funahashi se tenait régulièrement aux côtés d’O Sensei, lui servant régulièrement d’assistant personnel.
Il contribua à la diffusion de l'Aïki-Jujutsu à Tokyo et dans la région d’Osaka mais également dans le reste du pays où soixante-quinze dojos affiliés au Budo Senyokai ont été créés en seulement quelques années.
Disciple talentueux de la première heure, il aurait sans nul doute contribué au développement de l’Aïkido d’après-guerre s’il n’avait pas perdu la vie trop tôt.
LIENS :
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