Mitsugi Saotome
Une jeunesse au cœur des épreuves
Mitsugi Saotome (五月女 貢) naît le 7 mars 1937 à Tokyo. Il est le benjamin d’une fratrie de trois enfants, avec un frère et une sœur. Son père, maître ébéniste, dirige un atelier où il fabrique armoires et meubles, entouré de plusieurs apprentis. Pendant la seconde guerre mondiale, alors qu’il a sept ans, la maison familiale est anéantie par un incendie provoqué par un bombardement des forces US. Les Saotome se réfugie alors à la campagne, auprès de la famille maternelle, sur des terres rizicoles. Quelques temps plus tard, de retour à Tokyo, ils découvrent à l’emplacement de leur ancienne demeure un simple trou béant, avec seulement deux murs restés debout. Cinq ans plus tard, alors que Mitsugi est au collège, un nouveau drame frappe le foyer : son père meurt subitement. Sa mère, pourtant souffrante, ouvre un restaurant pour subvenir aux besoins de la famille. Très tôt, Mitsugi et ses aînés doivent travailler pour soutenir la famille.
Premiers pas dans les arts martiaux
Agé de seize ans, Mitsugi débute le Judo au lycée, sous la direction de Sumpo Kuwamori. Élève appliqué et compétiteur émérite, il remporte plusieurs tournois organisés à Tokyo. L’année suivante, en 1954, son professeur l’emmène au Dojo Kuwamori afin d’assister à un cours d’Aïkido, un art relativement peu connu à l'époque. Ce dojo est le premier à s’être affilié à l’Aïkikaï Hombu Dojo après la guerre, l’enseignement y est assuré par Seigo Yamaguchi, tandis que Kisshomaru Ueshiba, le fils du Fondateur, vient également enseigner régulièrement. La démonstration qu’il observe fait forte impression sur le jeune garçon. Là où le Judo lui apparaît comme un sport centré sur les saisies, l’Aïkido lui semble être un véritable art martial, intégrant attaques et frappes dans ses techniques. À la fin du cours, maître Yamaguchi lui demande de venir lui saisir ses doigts. Aussitôt, Mitsugi est projeté au sol, sans comprendre comment cela s’est produit. Pensant d’abord avoir trébuché, il répète l’expérience plusieurs fois, toujours avec le même résultat. Cette révélation le convainc de la puissance et de l’originalité de cette discipline. Grâce à l’introduction de son professeur de Judo, Saotome commence officiellement la pratique de l’Aïkido au Dojo Kuwamori en octobre 1954. En parallèle de son entraînement en Judo, il suit avec assiduité les cours de Yamaguchi Sensei et de Kisshomaru Ueshiba. L’élégance et la distinction de ce dernier, contrastant avec l’image des professeurs de Judo, le marquent profondément. Ses mains épaisses et puissantes, tout autant que sa politesse et son allure de gentleman, impressionnent le jeune Saotome. Les échanges qu’il entretient avec lui renforcent encore son attrait pour l’Aïkido.
La rencontre avec Maître Ueshiba
Un an après avoir commencé l’Aïkido au Dojo Kuwamori, Mitsugi rejoint logiquement le Hombu Dojo où enseignent ses professeurs Seigo Yamaguchi et Waka Sensei Kisshomaru Ueshiba. C’est là qu’il rencontre pour la première fois maître Ueshiba. Sans savoir encore qui il est, il le découvre comme un homme digne, chaleureux, dans la soixantaine, barbe blanche, parlant calmement à ses élèves. O-Sensei interrompt ce qu’il est en train de faire pour venir personnellement l’accueillir. Tous les élèves cessent alors leur activité et observent avec attention la manière dont leur maître salue ce nouveau venu, témoignant d’un respect absolu. Le jeune lycéen ressent une émotion particulière, des fourmillements parcourant sa colonne vertébrale. Cette rencontre l’impressionne : il se sent prêt à tout abandonner pour se placer sous l’autorité de ce maître hors du commun. L’effectif du dojo est encore modeste : les cours sont peu nombreux et rassemblent rarement plus d’une dizaine de pratiquants. Waka Sensei donne le cours du matin avant de partir travailler, Yamaguchi Sensei enseigne la plupart des séances, et O-Sensei lui-même intervient surtout le dimanche matin, parfois à d’autres moments selon son désir. Peu de personnes connaissent encore l’Aïkido à Tokyo, la rareté des élèves donne une atmosphère intime aux entraînements : dix pratiquants suffisent pour que Doshu en fasse la remarque. À cette époque, Saotome travaille chez Honda Motors et ne peut assister qu’aux cours du soir et celui du dimanche matin dirigé par O-Sensei.
Les années de formation au Hombu Dojo
Après ses débuts, le nombre d’élèves augmente progressivement, tout comme le nombre de cours proposés. Saotome assiste régulièrement à la classe du matin, de huit à neuf heures, habituellement dirigée par Ō Sensei lui-même. Son engagement est récompensé le 31 janvier 1957, lorsqu’il obtient le grade de Shodan, puis en 1958 celui de Nidan. En avril 1959, il franchit une étape décisive en devenant Uchi Deshi, élève interne au Hombu Dojo. Morihei Ueshiba n’accepte qu’un cercle restreint d’Uchi Deshi, entièrement dévoués à son service, contrairement aux Soto Deshi, élève externe qui poursuivent leur entraînement tout en menant une vie professionnelle et familiale. Le choix de Mitsugi surprend son entourage : quitter un poste stable chez Honda Motors pour une voie incertaine paraît insensé a beaucoup de ses amis. Mais convaincu que c’est le bon chemin pour lui, il reçoit le soutien de sa famille. En tant qu’Uchi Deshi, il vit désormais au dojo. Il accompagne parfois maître Ueshiba dans ses déplacements, en tant qu’Otomo, portant ses affaires et veillant à son confort. Son nouveau statut lui permet d’avoir enfin la chance de servir de Uke au Fondateur car jusqu’alors il n’avait jamais été autorisé à l’attaquer directement lors de démonstrations. Cette proximité marque un tournant dans sa pratique. Il découvre un maître à la fois bienveillant mais exigeant.
Instructeur au Hombu Dojo
En 1960, Mitsugi Saotome est nommé instructeur à plein temps à l’Aïkikaï Hombu Dojo. Parallèlement à son activité au siège, il enseigne également à l’université Kokugakuin. Parmi ses élèves, un jeune étudiant, Hiroshi Ikeda, débute la pratique en 1968. Durant cette période, un incident marquant vient profondément façonner la compréhension que Saotome Sensei a de la voie de l’Aïkido. Alors qu’il dirige un cours au Hombu, O Sensei, vient observer la pratique. Les élèves travaillent une technique assise, centrée sur la respiration et la connexion intérieure. Peu à peu, certains laissent naître un esprit de rivalité. O Sensei interrompt alors le cours et rappelle avec fermeté que « l’Aïkido n’est pas une question de compétition, car la rivalité détruit tout ». Les années suivantes confirment son ascension au sein du Hombu Dojo. Le 14 janvier 1968, il reçoit le grade de 6ème dan et le titre de Shihan, distinction rare, réservée à un cercle restreint de maîtres enseignants de l’époque. En dehors du tatami, Saotome Sensei fonde une famille avec son épouse Hiromi, dont il a deux enfants : un fils, Taiji, et une fille, Wakana. Toujours animé par un profond engagement envers la diffusion de l’Aïkido, il ouvre plusieurs dojos dans la région de Tokyo, met en place une association informelle de soutien au Hombu Dojo, et participe à de nombreux événements d’arts martiaux, au Japon comme à l’étranger. Au sein du Hombu Dojo, il occupe une place singulière en étant autorisé à enseigner le travail des armes. Ses cours, réservés aux pratiquants gradés sandan minimum, se déroulent à huis clos. La rigueur de sa pédagogie et la profondeur de sa compréhension technique renforcent sa réputation d’enseignant fidèle et dévoué à maître Ueshiba. Sa disparition, en avril 1969, à l’âge de 87 ans marque une responsabilité nouvelle pour Saotome Shihan : préserver et faire vivre la vision du Fondateur.
Départ pour les Etats-Unis
En 1975, Bill McIntyre, un enseignant d’Aïkido installé à Sarasota, en Floride, se rend au Hombu Dojo de Tokyo dans l’espoir de trouver un maître japonais disposé à venir enseigner aux États-Unis. Après plusieurs jours de pratique au Hombu, il s’adresse à Mitsugi Saotome et lui demande s’il accepterait d’envoyer l’un de ses étudiants. À sa grande surprise, Saotome Sensei lui répond simplement : « Je pars ». Ce choix audacieux marque un tournant dans la vie du maître. Il décide d’émigrer aux États-Unis pour, selon ses propres mots, « répondre au vœu d’Ō Sensei : faire rayonner l’Aïkido dans le monde ». Avant son départ, une cérémonie d’adieu est organisée au Hombu Dojo en présence des principaux instructeurs venus lui souhaiter bonne chance pour son départ aux États-Unis. Mitsugi Saotome arrive aux États-Unis en mai 1975, à l’âge de 38 ans. Deux mois plus tard, le dojo de Sarasota organise un séminaire d’accueil, mais il attire peu de monde. Rapidement, Saotome Sensei comprend qu’il doit suivre sa propre voie. Il quitte le dojo de Bill McIntyre et fonde son propre dojo : le Sarasota Aikikai. Durant cette première année sur le sol américain, Saotome Sensei choisit également de se détacher de l’autorité du Hombu Dojo et d'opérer indépendamment du siège mondial de l'Aïkido. Aidée par Patricia Roberts, une jeune américaine rencontrée peu après son arrivée, il s’adapte rapidement à la vie aux États-Unis. En 1976, il est rejoint par son élève de longue date, Hiroshi Ikeda, venu le soutenir dans cette aventure.
Déménagement à Washington D.C.
En 1978, Saotome Shihan et ses élèves effectuent à deux démonstrations à la Japan House de New York. Ces présentations, organisées dans le cadre d’un programme de promotion de la culture japonaise par l’Ambassadeur du Japon auprès des Nations Unies, rassemblent diplomates et représentants internationaux. L’année suivante, en 1979, Saotome Sensei quitte Sarasota pour s’installer à Washington D.C., afin de prendre la direction du Shobukan Dojo, fondé trois ans plus tôt. Ce déplacement marque un tournant stratégique dans sa mission de diffusion de l’Aïkido. Il souhaite s’implanter dans une grande métropole, au cœur d’un centre décisionnel mondial, convaincu que « les personnes responsables de décisions ayant un impact sur la paix du monde doivent connaître les voies d’harmonie que l’Aïkido enseigne ». Son enseignement commence à fédérer de nombreux élèves. Pour structurer cet essor, Saotome Sensei fonde l’Aikido Schools of Ueshiba (A.S.U.), une organisation destinée à fédérer ses élèves et les dojos affiliés à son enseignement. En quelques années, l’A.S.U. regroupe plus d’une quarantaine de dojos à travers les États-Unis.
Bien que l’association fonctionne indépendamment de la Fédération d’Aïkido des États-Unis (U.S.A.F.) présidée par Yamada Sensei, les grades délivrés par les deux structures sont reconnus comme équivalents. En 1980, son élève et proche disciple Hiroshi Ikeda s’installe à Boulder, dans le Colorado, où il fonde un dojo affilié à l’A.S.U. Deux ans plus tard, en 1982, Saotome Sensei épouse Patricia Roberts, l’une de ses élèves avancées, rencontrée peu après son arrivée aux États-Unis. Ensemble, ils y poursuivent le développement de l’Aïkido.
De Chicago à Washington : l’affirmation d’un maître
En 1985, après six années passées à Washington D.C., maître Saotome s’installe à Chicago, où il fonde le Chicago Budokan Dojo. La même année, il est invité à participer à la première "Friendship Demonstration", organisée à Tokyo par le journaliste américain Stanley Pranin, fondateur du magazine Aiki News. Cet événement historique réunit plusieurs des plus proches disciples du Fondateur. Saotome Sensei y retrouve notamment son ami Yoshio Kuroiwa. Il accorde à Stanley Pranin une longue interview publiée dans les numéros 71 et 72 de Aiki News, dans laquelle il revient sur ses 15 années d’apprentissage auprès de Maître Ueshiba. Il participe également à une interview croisée avec Yoshio Kuroiwa et Yasuo Kobayashi. Durant cette période féconde, Saotome Shihan publie ses premiers ouvrages. En 1986 paraît « Aïkido, nature et harmonie » avec l’aide de son épouse Patricia Saotome, qui a traduit ses conférences tout en réalisant les photographies du livre. En 1989, il publie « Les principes de l’Aïkido » où il expose, entre autres, les liens entre la pratique aux armes et les techniques à mains nues. Après trois années passées à Chicago, Saotome Sensei retourne en 1988 à Washington D.C. pour reprendre la direction du Shobukan Dojo. Cette même année marque une étape majeure : après treize années d’activité indépendante, son organisation, l’Aikido Schools of Ueshiba (A.S.U.), est officiellement reconnue par l’Aïkikaï Hombu Dojo de Tokyo.
Une reconnaissance internationale
Apprécié par la communauté internationale, maitre Saotome est régulièrement invité à enseigner au Canada, en Amérique du Sud et en Europe. En France, il anime de plusieurs stages à l’invitation de la FFAAA. En 1991, il dirige pour la première fois le stage international d’été d’une semaine au Vigan, dans le Gard. L’événement, devenu une tradition annuelle, rassemble chaque année plus de trois cents pratiquants issus de différents courants d’Aïkido, venus partager l’enseignement du maître. Outre ses nombreux séminaires nationaux et internationaux, Saotome Sensei est également sollicité pour enseigner dans des contextes plus spécifiques : il dirige ainsi plusieurs stages réservés aux Forces Spéciales de l’Armée américaine et aux unités de sécurité fédérales de Washington D.C. En 1995, Saotome Shihan retourne sur la côte ouest de la Floride. Deux ans plus tard, en 1997, il fonde le Sanctuaire Aiki à Myakka City, un dojo unique en plein air, au cœur de la campagne floridienne. Inspiré du sanctuaire Aiki Jinja d’Iwama au Japon, il souhaite recréer et préserver la spiritualité et la connexion à la nature qu'il y ressentait en y étudiant quand il était jeune. A l’instar d’Iwama, trois des quatre murs du sanctuaire sont ouverts pendant l’entraînement, permettant une pratique en contact direct avec les éléments naturels. Au cours des années 2000, Mitsugi Saotome poursuit la diffusion de son enseignement à travers plusieurs publications. En 2004, il publie Aïkido : Vivre par la conception (Aikido: Living by Design), puis en 2015, Un feu à la transmission (A Light on Transmission). Ces ouvrages, traduits en plusieurs langues, approfondissent les réflexions du maître. Reconnu pour sa maîtrise des armes, Saotome Sensei excelle dans l’utilisation du bokken (sabre en bois), du jō et du bō (bâtons de différentes longueurs). Il a également élaboré un système original de travail à deux sabres. Maître Saotome collabore avec Aikido Today Magazine pour produire une série de vidéos pédagogiques illustrant les fondements techniques et philosophiques de sa pratique démontrant diverses techniques à mains nues (The principles of Aikido, Takemusu aïki et Oyo henka) au Ken (The sword of Aïkido), au Jo (The staff of Aïkido), ainsi qu’un travail avec deux sabres (Two swords of Aïkido).
Héritage et transmission
En 2016, Saotome Shihan transfère la propriété du Sanctuaire Aiki à l’Aikido Schools of Ueshiba (A.S.U.), afin d’assurer la préservation de ce lieu unique et d’en faire un patrimoine vivant destiné à unir les générations futures d’élèves et d’instructeurs. En 2020, son épouse Patty Saotome, 7ᵉ dan Shihan, s’éteint. Elle avait joué un rôle déterminant dans la traduction et la diffusion de l’œuvre de son mari, contribuant à faire connaître son enseignement à un public occidental. Saotome Sensei reste actif et engagé. Il participe notamment au stage du Vigan en août 2022, célébrant le vingtième anniversaire de cet événement international. Toujours animé par sa vision de l’Aïkido comme voie de paix et de développement personnel, il enseigne régulièrement au Sanctuaire Aiki, au Shobukan Dojo de Washington, ainsi que dans divers séminaires à travers les États-Unis, en Floride, en Californie et ailleurs. Actuellement chef instructeur de l’A.S.U., du Shobukan Dojo et du Aikido Shrine Dojo en Floride, Saotome Shihan est responsable de l’enseignement de milliers d’élèves répartis dans 96 dojos aux États-Unis, au Canada, en France, en Irlande, en Argentine et en Uruguay. Depuis la création de l’A.S.U., plus de 1 000 ceintures noires ont été attribuées à des membres classés de l’organisation, témoignant de la portée et de l’influence de son travail.
Aujourd’hui âgé de près de 90 ans, Mitsugi Saotome reste l’un des derniers uchi deshi du Fondateur encore en activité. Reconnu comme artiste martial et calligraphe de talent, il continue d’inspirer des pratiquants du monde entier par sa pédagogie, sa rigueur et son charisme. Son influence est particulièrement perceptible en Amérique du Nord, où il a formé de nombreux hauts gradés américains, parmi lesquels Hiroshi Ikeda Shihan, Shigeru Suzuki Shihan, John Messores, Tres Hofmeister, Kevin Choate, William Gleason, Charles Page, Chuck Weber, George Ledyard, Raso Hultgren, Robin Cooper, Dan Messisco, Dennis Hooker, Wendy Whited, Charles Tseng, Paul Kang, Craig Eddy, Thurston Carleton, Duane (Peewee) Jones, Daryl Schrader, Frank Bell, Ken Nisson, Christine Jordan, Michael Lasky, John Stone, Chas G. Poor, Thomas W. Haines, Claude Geeroms, Lee Crawford, Satoru Sato, Mary et Bill McIntire, Gary et Ania Small, Marsha Turner, Stéphane Le Derf, Richard Strozzi-Heckler Shihan, Ellis Amdur, Paul Blackwood, Robert Moller, Bruce Merkle, Terry Dobanon, Raphaël Mithuna, ou encore Josh Drachman.
Résidant actuellement en Floride, Mitsugi Saotome Shihan continue de transmettre sa vision de l’Aïkido à travers ses séminaires et ses enseignements, assurant la continuité de l’héritage du Fondateur Morihei Ueshiba.
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