Takuma Hisa, le Daïto-Ryu en héritage

Par Nicolas DE ARAUJO

 

 

 

Journaliste et sumotori talentueux, Takuma Hisa fut le disciple de Morihei Ueshiba, puis de Sokaku Takeda durant les années 30 à Osaka. Héritier de ces deux géants, il fut l’un des maîtres du Daïto-Ryu les plus connus et fut le seul à recevoir le plus haut grade des mains de Takeda Sensei. Il fut également promu au grade de 8ème dan d’Aïkido par maître Ueshiba. Promoteur du Daïto-Ryu, auteur de plusieurs ouvrages, sa collection personnelle de 1500 photographies constitue un trésor inestimable pour tous les Budokas.

Biographie parue dans le magazine Self & Dragon Spécial Aïkido n°12 - Janvier 2023.

 

Doué pour le Sumo

Takuma Hisa (久琢磨) est né le 3 novembre 1895 dans le village de Sakihama, situé dans la préfecture de Kochi sur l’île de Shikoku. Unique garçon d’une fratrie de cinq enfants, son père Katsusaburi travaille comme bucheron et sa mère, Ushi est mère au foyer. Takuma connait une adolescence quelque peu chaotique. En raison du décès de son père en juin 1909, il est contraint d’arrêter le collège et de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. Il travaille tout d’abord dans une entreprise de fabrication de papier pendant quelques mois jusqu’à la fermeture de celle-ci puis il vit pendant une brève période avec l’une de ses sœurs à Osaka. Il déménage ensuite à Tokyo pour y faire des études de pharmacien. Doué pour le Sumo, qu’il pratique depuis l’école élémentaire, il participe à des combats informels avec un certain succès. Hisa retourne vivre à Osaka en avril 1912 et poursuit ses études à l’école professionnelle Seiki. Là-bas, il participe à des tournois locaux de Sumo puis prend part au tournoi opposant la région du Kanto à celle du Kansai qui se déroule à Tokyo. Diplômé de l’école Seiki en mars 1915, il intègre ensuite l’école de commerce de l’université de Kobe. En parallèle de ses études, il participe à la création du club universitaire de Sumo et en devient le capitaine. Compétiteur talentueux Takuma participe au tournoi annuel de All Japan Student Sumo Federation où il obtient de très bons résultats. Il gagne son premier tournoi à l’occasion du championnat de Sumo de la région de Kinki en 1915. Reconnu et apprécié, il commence à enseigner au sein de la fédération. D’allure mince et mesurant 1m70, la presse le décrit alors comme « un petit lutteur dont les compétences dépassent celles des pros ».

 

Le journal Asahi

Après l’obtention de son diplôme universitaire, Takuma rejoint la Kobe Suzuki Shoten en avril 1919. Parlant anglais, il travaille dans l’importation de matériaux ferreux en provenance des Etats-Unis et d’Europe. En octobre de la même année, il est incorporé en tant que volontaire pour effectuer son service militaire. Hisa est affecté au 44ème régiment de la 11e division située à Shikoku et en sort avec le grade de capitaine un an plus tard. Il retourne ensuite dans son entreprise et y travaille durant plusieurs années jusqu’à sa faillite survenue en mars 1927. En juin de la même année, Takuma déménage à Tokyo, dans le district de Shinagawa, pour rejoindre le siège du célèbre Asahi Shinbun en tant que chef des affaires générales du bureau d'impression. Il décroche cet emploi grâce à une recommandation de l’un de ses aînés de l’université de Kobe, Ishii Mitsujiro, chef du bureau des ventes du journal et ancien ministre du gouvernement, membre fondateur du Parti Démocratique Libéral. Le travail de Hisa consiste à superviser la sécurité et à protéger les installations contre les membres du parti de droite Seiyu-kai, depuis leur violente attaque de mars 1928 à la suite d’une erreur dans un article traitant du décès de la princesse impériale Hisanomiya. Des émeutiers se sont alors introduit dans les locaux du journal pour menacer les gardes avec des armes à feu et vandaliser les machines à imprimer.  

 

Transfert à Osaka et rencontre avec maître Ueshiba

Après un intermède de quelques mois dans l’armée, en 1929, où il est promu général de division, il poursuit sa mission au siège de Tokyo jusqu’en juin 1932. Plébiscité pour la qualité de son travail, Hisa est muté à la succursale du journal à Osaka pour occuper le poste de directeur des affaires générales à tout juste 33 ans. Faisant toujours face à des menaces de militants d’extrême droite, Ishii Mitsujiro sollicite alors Morihei Ueshiba en 1933 dans le but d’enseigner son art à l’équipe de la sécurité du siège d'Osaka. Budoka réputé, maître Ueshiba accepte la proposition et enseigne dans le vaste dojo construit dans le jardin de la magnifique résidence Umeda qu’occupe Hisa et sa famille. A la demande de M. Mitsujiro, Takuma débute la pratique sous la direction d’Ueshiba Sensei. Il est alors très impressionné par les techniques du maître et par sa facilité à le projeter bien qu’il soit un pratiquant de Sumo avancé.

 

L’entrainement sous Ueshiba Sensei

Maître Ueshiba passe plusieurs jours par mois à Osaka où il est accompagné par trois ou quatre de ses élèves et parfois par son épouse Hatsu. Lors de chaque déplacement tout le monde réside dans la vaste demeure de Takuma Hisa. La pratique se déroule généralement tôt le matin pour permettre aux membres du service de sécurité du journal de se rendre ensuite à leur travail. Le dojo Umeda n’a pas de chauffage, pas de climatisation ni de douche, les hommes se lavent à l’eau froide même en hiver. En l’absence de maître Ueshiba, certains assistants le remplacent. Notamment Shigemi Yonekawa, Tsutomu Yukawa, Rinjiro Shirata, Kaoru Funahashi, Kenji Tomiki ou Gozo Shioda. Même si maître Ueshiba ne lui donne pas encore de nom formel (parfois Aiki-Jutsu ou Asahi-ryu Jujutsu), il enseigne les techniques du Daïto Ryu Aïki-Jujutsu dans ses cours. Pendant trois années, Hisa et ses collègues, experts martiaux au moins 5èmes dan de Judo ou de Kendo, vont d’abord apprendre les techniques assises (Suwari Waza), puis les techniques assises contre les attaques debout (Hanmihandachi Waza) et enfin les techniques debout (Tachi Waza).

 

Travaux de documentation et film « Budo »

Continuant à pratiquer le Sumo en parallèle, Hisa étudie avec passion auprès du maître et de ses disciples, qu’il héberge régulièrement chez lui, mais l’étude seule ne lui suffit plus. Il souhaite documenter ce qu’il apprend pour le transmettre à la génération suivante. Après chaque session d’entrainement, Hisa et ses collègues prennent des photos des centaines de techniques étudiées et y ajoutent des légendes. Takuma souhaite également filmer le maître et sollicite le club de photographie du journal. En 1935, Maître Ueshiba et certains de ses élèves de Tokyo dont Shigemi Yonekawa, Tsutomu Yukawa et Rinjiro Shirata participent au tournage du documentaire intitulé « Budo », réalisé par Hisa lui-même. Produit par le journal Asahi dans le but d’être projeté dans les cinémas américains comme support promotionnel, ce film voit le fondateur démontrer de nombreuses techniques en Suwari Waza, en Hanmihandachi Waza, en Tachi Waza, avec une baïonnette (Juken) puis au Ken. Si aucun des élèves du « Asahi dojo » n’apparait en tant qu’Uke de maître Ueshiba, Hisa apparait lui aux côtés du maître et délivre un discours en amont de la démonstration. Malgré une pratique intensive et studieuse, Ueshiba Sensei ne décerne aucun grade aux élèves du journal Asahi bien qu’à cette époque, il ait déjà délivré des certificats ou des titres à certains de ses disciples.

 

La « reprise en main » de Sokaku Takeda

En juin 1936, Sokaku Takeda, le soke du Daito Ryu en provenance d’Hokkaido, se présente au siège du Journal Asahi d’Osaka. Il informe Takuma Hisa qu’il est « le professeur d’Ueshiba mais qu’en raison de son inexpérience dans l’enseignement, il considère que si de mauvaises techniques sont enseignées au journal Asahi (…) cela aurait de grandes répercussions sur l’honneur du Daito-ryu Aiki-jujutsu » et propose alors de reprendre en main l’enseignement des membres du groupe de sécurité. Dès le lendemain, les employés du journal Asahi étudient avec Ueshiba le matin et Takeda le soir dans des endroits différents. Cette situation perdure pendant une semaine environ jusqu’à la décision de maître Ueshiba de prendre ses distances et de laisser à maître Takeda cet emploi prestigieux et lucratif pour se consacrer à l’enseignement dans d’autres dojos à Tokyo et à Osaka. L’art secret du Daito-Ryu étant interdit aux étrangers, maître Takeda impose que les cours se déroulent pendant les heures de travail, dans un lieu privé et si possible à huit clos tel que le dojo de la résidence Umeda. Satisfait des bases techniques transmises par maître Ueshiba aux élèves du Asahi Dojo, il leur enseigne directement les techniques de niveaux intermédiaires et supérieures. Fidèle à son habitude, Takeda Sensei ne reste jamais longtemps au même endroit. Il préfère enseigner intensivement par périodes. De 1936 à 1939, il dirige la pratique sur des périodes qui varient entre un et quatre mois à chaque fois. Si les membres du Asahi Dojo étaient enthousiasmés par les techniques de maître Ueshiba, ils sont désormais fascinés par la puissance du vieux maître Takeda.  

 

Assistant puis instructeur en Daïto-Ryu

A l’inverse d’Ueshiba, Sokaku Takeda délivre plusieurs certificats aux membres du groupe. Inquiet pour l’avenir du Daïto-Ryu, le maître souhaite transmettre son art aux générations à venir et consacre la dernière partie de sa vie à l’enseigner à son assistant Takuma Hisa. Il lui décerne d’abord le Kyoju Dairi, le 1er octobre 1936. Ce certificat permet à son détenteur d’enseigner en tant que représentant de l’école et s’accompagne d’une entente financière avec son maître, de type franchise. Le 26 mars 1939, après seulement trois années de pratique, Sokaku lui décerne le plus haut niveau d’enseignement de l’école : le Menkyo Kaiden. Takuma Hisa devient l’unique personne à recevoir cette licence de transmission totale des connaissances de l’école parmi tous les élèves de Takeda, hormis Masao Tonedate, rédacteur en chef du journal Asahi qui se voit également remettre le Menkyo Kaiden mais à titre honorifique. Adoubé par Takeda, ce titre valide le degré de maitrise de Hisa et le désigne comme son successeur technique à la tête du groupe. Après une photo immortalisant la remise officielle des rouleaux de l’école, maître Takeda accompagné de son fils Tokimune pour l’occasion, quitte le journal et lui confie l’enseignement du groupe d’Osaka.

 

Véritable promoteur du Daïto-Ryu

Takuma est transféré au bureau d’impression du journal Asahi en décembre 1940, puis devient directeur adjoint de l'imprimerie en 1942. Souhaitant promouvoir le Daïto-Ryu, Hisa Sensei publie son premier livre dès 1940 et l’intitule « Kannagara no Budo, Daïto-ryu Aiki Budo Hiden ». Cet ouvrage constitue alors le manuel le plus complet sur cet art publié jusqu’à présent et ne manque pas de préciser en début de page qu’il ne doit pas être distribués à des non-étudiants. Il est intéressant de noter que de nombreuses explications techniques sont extraites du manuel de Morihei Ueshiba, « Aiki-jujutsu Densho », publié en 1933. Par la suite, Hisa Sensei dirige la publication de deux autres livres. Tout d’abord « Gassho To Waza Hiden » (Techniques secrètes d’arrestation) en 1941 puis « Daïto-ryu Joshi Budo » (Daïto-Ryu, art martial pour femmes) en 1942. Ce dernier est même distribué gratuitement aux femmes dans un Japon craignant de faire face prochainement à une invasion des forces américaines. Entre 1942 et 1943, Takuma Hisa collabore également à la revue pro-militaire Shin Budo en rédigeant une série de quatre articles centrés sur le Daïto-Ryu où il utilise en grande partie le contenu de ses précédents livres. Toutes ses publications sont diffusées du vivant de maître Takeda, très probablement avec son aval et contribuent grandement à la renommée de son art.

 

Le Soden, une source historique inestimable

De 1936 à 1939, maître Takeda enseigne de nombreuses techniques au Asahi dojo, mais il ne les démontre qu’une fois chacune, se fâchant immédiatement à la moindre question technique des élèves présents. Souhaitent poursuivre leur projet de documenter les techniques par des photographies, Takuma et ses collègues sont obligés de développer un stratagème ingénieux pour contourner sa méfiance légendaire. Après la pratique, Hisa aide son maître à prendre son bain et pendant que celui-ci a le dos tourné, les autres élèves, parmi lesquels, Yoshiteru Yoshimura, Kuniyoshi Kawazoe et Heizaburo Nakatsu en profitent pour photographier les techniques étudiées précédemment. Au fil des années, ces « sessions cachées » aboutissent à une impressionnante collection de plus de 1 500 photos présentant des centaines de techniques. Takuma conserve soigneusement ces photographies dans des enveloppes et publie une série de onze manuels richement illustrés sur le Daito-Ryu entre 1942 et 1944. Intitulés Daito-ryu Aikibudo Densho Zen Juikkan (ou Soden Waza), ces ouvrages sont une source historique présentant 547 techniques. Les six premiers volumes regroupent les techniques enseignées par Morihei Ueshiba sous le nom « Aïkido ». Les volumes sept à neuf, intitulés « Daito-ryu Aiki-jujutsu Gokui Soden » présentent les techniques enseignées par Sokaku Takeda entre 1936 et 1939. Le dixième volume regroupe des techniques enseignées aux forces de l’ordre alors que le dernier volume présente douze techniques de self defense enseignées aux femmes démontrées par Chiyoko Tokunaga, une célèbre artiste martiale.

 

L’après Asahi

En juin 1943, à la suite d’un incident pour lequel il endosse la responsabilité d’un salarié, Takuma Hisa décide de quitter le journal Asahi. Recommandé à nouveau par Mitsujiro Ishii, il obtient le poste de directeur général des affaires sociales au sein de la Suzuki Shoten Kobe Steel. A la fin de la guerre, il démissionne de la Kobe Steel et retourne vivre dans sa préfecture natale de Kochi, où il crée sa propre société en octobre 1945. A la suite du décès de son épouse en décembre de la même année, il fonde puis dirige une coopérative de pêcheurs. Il se remarie en janvier 1947 et crée une nouvelle société. En 1948, il est recruté par le politicien et activiste Kazuo Yatsugi pour être le secrétaire général pour la branche du Kansai de l’organisation « Kokusaku Kenkyukai », alors en plein renaissance après-guerre. Il y reste une année puis travaille ensuite à Osaka ; tout d’abord pour une société de construction en 1949 puis à temps partiel pour une entreprise de fabrication à partir de 1950.

 

Liens avec l’Aïkido et Maître Ueshiba

Takuma Hisa et maître Ueshiba rétablissent le contact au début des années 50. Recommandé par Kenji Tomiki, qui le considérait « comme le meilleur de tous les Aïkidokas », il est promu au grade de 8ème dan d’Aïkido par Ueshiba Sensei vingt ans après leur séparation. Le 23 mai 1956, il lui remet personnellement son grade, au Hombu Dojo de Tokyo, en présence de son fils et futur Doshu, Kisshomaru Ueshiba. C’est alors le grade le plus élevé décerné par O Sensei à ses disciples. Au fil des années, Hisa maintien une solide connexion avec l’Aïkido d’Ueshiba Sensei. Il enseigne occasionnellement au Hombu Dojo de Tokyo et assiste aux démonstrations annuelles du « All Japan Aïkido ». Par la suite, il envoi même certains de ses élèves étudier l’Aïkido a l’Aïkikaï Hombu Dojo et au Yoshinkan Dojo de Gozo Shioda.  

 

Le Kansai Aïkido club

A la suite de sa retraite professionnelle, Mitsujiro Ishii l’encourage à ouvrir son propre dojo pour y enseigner le Daïto-Ryu. Assuré du soutien financier de la communauté d’affaires du Kansai, Hisa Sensei fonde le Kansai Aïkido Club, à Osaka, le 10 octobre 1959. Situé dans un important quartier d’affaires, il compte dans ses rangs des employés de bureau et des businessmans. Bien qu’utilisant le terme « Aïkido », car plus populaire et attrayant à cette époque, Takuma Hisa y enseigne une combinaison des techniques de Daïto-Ryu héritées de ses deux professeurs. A la croisée des chemins du Daïto-Ryu et de l’Aïkido, Hisa alterne aisément entre les techniques de style Ueshiba à celles de Takeda, au gré des événements et des disciples. A l’automne 1961, Hisa Sensei est victime d’un accident vasculaire cérébral et s’effondre durant l'un de ses cours. Paralysé d’un côté, les perspectives de son rétablissement ne sont pas très bonnes, mais avec une incroyable détermination, Takuma surmonte sa maladie et reprend l’enseignement après une rééducation physique. Surmontant le décès de sa seconde épouse en février 1965, il décide de s’installer dans le dojo et continue d’instruire son art avec une grande dévotion. Finalement, sur l’insistance de sa famille, inquiète pour sa santé, maître Hisa ferme le Kansai Aïkido Club en 1968 et part vivre à Ogikubo, un quartier résidentiel de la banlieue Tokyo, chez l’une de ses filles.

 

Fondation du Takumakai

Après son départ pour la capitale, ses disciples d’Osaka continuent de s’entrainer dans diverses parties du Kansai et se réunissent chaque année pour des sessions de formation conjointes où maître Hisa est invité. Ils établissent également un contact avec un groupe d’élèves de Shikoku, pratiquant sous la direction de Heizaburo Nakatsu, un ancien Judoka du Kodokan, qui s’entrainait avec Hisa Sensei à l’époque du Asahi Journal. Ce rapprochement conduit à l’établissement d’une organisation dans le but de sauvegarder et transmettre le Daïto-Ryu au Japon. C’est à l’occasion d’un séminaire, en aout 1975, que Tsugutaka Chiba, un disciple avancé de Nakatsu, propose que soit utilisé le nom de Takuma Hisa pour désigner officiellement cette nouvelle organisation. Peu favorable au départ à cette idée, maître Hisa autorise finalement la création du Daito Ryu Aiki Jujutsu Takumakai et en confie la responsabilité à Hakaru Mori qu’il nomme Somucho (directeur général) et à Tsugutaka Chiba, directeur honoraire. Cette organisation, installée à Osaka, regroupe au départ 7 branches et va ainsi développer au fil du temps les vœux et la vision de Takuma Hisa.

 

Reconnaissance du Daïto-Ryu 

Hisa Sensei contribue grandement, par ses actions et ses nombreuses relations, à faire reconnaître le Daito-ryu aiki-jujutsu comme un Koryu (école ancienne) par la Nihon Kobudo Kyokai. Cette association pour les arts martiaux traditionnels japonais a pour mission de fédérer les écoles martiales traditionnelles afin de contribuer à leur sauvegarde, leur diffusion et leur promotion. Souhaitant soutenir le groupe dirigé par Tokimune Takeda, le fils et successeur de Sokaku Takeda décédé en 1943, Hisa use de son influence pour lui faire également intégrer la Kobudo Kyokai. Cela provoque une situation inhabituelle où deux organisations distinctes sont autorisées à représenter le même Ryu en alternance chaque année. Afin de préserver le patrimoine martial nippon, le ministère de l'Éducation et le Nihon Budokan produisent une série de films documentaires sur les Kobudo en 1978. Maître Hisa, âgé de 83 ans et les membres du Takumakai ont l’honneur d’être les premiers à être filmés. Ils présentent à cette occasion des techniques « Soden » du Daito-ryu Aiki Jujutsu.

 

La rencontre avec Stanley Pranin

En avril 1979, Takuma répond favorablement à la demande de Stanley Pranin, rédacteur en chef du magazine américain Aiki News, pour une interview. Au cours de leur entretien maître Hisa lui présente un ensemble de documents ainsi que sa riche collection de photos. Le vieux maître mentionne également l’existence du vieux film de maître Ueshiba tourné avant la guerre. Pranin se mobilise alors et réussi à le retrouver, par l’intermédiaire d’un ami, dans un centre d’archives cinématographique à Tokyo. Ravi par cette exceptionnelle découverte, il organise une projection spéciale pour Hisa sensei et invite pour l’occasion Shigemi Yonekawa. Les deux hommes ne s’étant pas revus depuis le tournage, 44 ans plus tôt. Le journaliste américain, témoignera plus tard que ce moment d’émotion inoubliable fut l'un des temps forts de sa carrière d’historien. Une fructueuse collaboration naîtra par la suite entre les deux hommes, Takuma Hisa lui enverra même l’intégralité de sa collection de photos en microfilms. Bien qu’étant diminué, maître Hisa continue d’écrire des articles sur les arts martiaux, de donner régulièrement des stages et de participer aux grands évènements jusqu’à son décès survenu le 31 octobre 1980, à Kobe, à l'âge de 84 ans. Également expert de Sumo, il enseignait au sein de la All Japan Student Sumo Federation et reçut le haut grade de 8ème dan honoraire en 1965.

 

Un héritage à la croisée des chemins

Au Japon, le Daito-ryu Aiki Jujutsu est considéré comme un trésor culturel et constitue la base technique de l'Aïkido. Takuma Hisa, héritier et véritable pont entre les deux arts, tient une place unique dans leur histoire. Sa contribution est notamment essentielle dans la popularisation du Daïto Ryu après-guerre. Le Takumakai connaît sa plus forte croissance après son décès. Sa mort ayant entrainé chez ses disciples un sentiment d'urgence pour sauvegarder ses enseignements et les a conduits à être plus actif. L’organisation à connu une augmentation croissante du nombre de dojos affiliés et de pratiquants. Il existe désormais plusieurs dizaines de branches et dokokai (groupes d'étude) au Japon faisant de cette école de Daito-Ryu la seconde en termes d’effectif. L'école Takumakai a une place particulière dans l'histoire puisque ses cadres originaux (les membres du service de sécurité du journal Asahi d'Osaka) ont tous étudiés sous la direction de Morihei Ueshiba, avant que celui-ci ne fonde l'Aïkido, puis de Sokaku Takeda. L'école est aujourd'hui dirigée par Hakaru Mori (Hiden 8ème dan), qui fut aidé par Tsugutaka Chiba Shihan jusqu’à son décès en 2017 et administrée par Kiyohiro Kobayashi (Hiden 8ème dan). Chiba, s'était entraîné pendant plusieurs années au Daito-kan sous la direction de Takeda Tokimune, le fils de Sokaku Takeda, faisant ainsi le lien entre les deux lignées principales du Daito-Ryu Aiki-Jujutsu. De son côté, Kiyohiro Kobayashi a également appris sous la direction de Takeda Tokimune à Hokkaido et s'est également entraîné en Aïkido au Hombu dojo de l'Aikikai sous la direction de Morihei Ueshiba et de son fils Kisshomaru Ueshiba, ainsi qu'au Yoshinkan sous Gozo Shioda, à une époque où les relations entre Aïkido et Daito-Ryu aiki-jujutsu étaient plus proches. Les responsables actuels du Takumakai, parmi lesquels Mamoru Tsunomiya (Hiden 8ème dan), Takeshi Kawabe et Masamitsu Izawa (tous deux chefs instructeurs 7ème dan), estiment que l’école doit non seulement préserver et développer le Daito-ryu Aiki Jujutsu, mais aussi s'efforcer de le promouvoir dans le monde entier et de le transmettre aux générations futures comme l’a exprimé Tokimune Takeda, lors d’un discours devant le premier ministre japonais : « le but du Daito-ryu est de répandre « l'harmonie et l'amour », garder cela à cœur aide à maintenir et à réaliser la justice sociale, c’est le désir de Sokaku Takeda ».

 

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