Savoir attaquer avec une arme

Texte écrit par notre ami Ivan BEL (fudoshinkan.eu) et reproduit ici avec son aimable autorisation, (c) tous droits réservés 2016.

 

En Aïkido nous avons trois armes différentes à notre disposition. Si celles-ci ne sont pas semblables dans leurs formes et leurs manipulations, la règle qui préside à une attaque est toujours la même : l'arme précède le corps. 

 

Il est frappant de voir que dans la plupart des cas, une attaque avec une arme dans les mains est « avortée » avant même que le coup ne soit porté. En tant que tori, il suffit généralement de pointer son Bokken, jo ou tanto en avant pour trouver le ventre de uke largement ouvert et vulnérable à la moindre pique. Cette erreur est due au fait que uke lance généralement le corps avant son arme. Pire, de nombreux pratiquants avancent en armant le Bokken au dessus de leur tête, ou en armant le jo vers l'arrière. Ces deux mouvements sont antinomiques. D'un côté le corps avance, de l'autre l'arme recule et ne protège plus le corps puisqu'elle prépare l'attaque (pique ou coupe, peu importe). Ce mouvement d'attaque est donc absolument contre indiqué car il revient à offrir son corps à tori. En d'autres termes, martialement parlant, c'est du suicide.

Il faut donc reprendre à la base les attaques avec une arme. Le mouvement préparatoire qui permet d'armer le Bokken ou le jo doit se faire sur place, sans que le corps bouge d'un millimètre. Le fait d'armer ne doit pas provoquer de déplacement du corps. Cela n'engage à rien d'armer un Bokken au-dessus de la tête. Au contraire, le fait d'armer sans bouger permet de juger de la situation sereinement puisque le corps n'est pas encore engagé. Si la situation semble difficile et l'attaque compromise, rien n'empêche de changer de Kamae ou encore de baisser sa garde et de rompre le combat. Mais cela n'est possible qu'en conservant sa position de départ, c'est-à-dire en conservant la distance de départ avec tori.

Au moment de l'attaque, le départ est donné par l'arme. Le corps ne fait que suivre l'arme et jamais l'inverse, sinon c'est perdu. Il est éventuellement possible de travailler en simultané entre le corps et l'arme, mais c'est se parier entre 50% de chance de réussir son attaque et 50% de la perdre. Avec l'arme qui coupe ou pique d'abord et le corps qui suit l'attaque on augmente nettement ces chances de réussite. Mieux encore, on interdit à tori toute possibilité de contre-attaque directe sur le ventre. Prenons le cas d'une attaque shomen avec le Bokken. Le fait que le ken descende en premier, puis que le corps bouge dans la descente du ken, permet de couper tout en fermant le chemin qui mène à son ventre. tori ne pourra donc plus piquer ou couper le ventre, car le chemin sous le ken se ferme puissamment et toute contre-attaque qui viendrait par-dessous se verrait bloquée, écrasée par la coupe. Lancer l'arme avant le corps est donc un moyen de se protéger tout en attaquant.

Ce type d'attaque ne veut pas dire que 1- la coupe descend et 2- le corps avance, sinon la coupe se fait sur place. Il faut comprendre que la pointe du ken lance le mouvement et dans le dixième de seconde qui suit, le corps avance à son tour. La fin de la coupe doit correspondre avec la fin du déplacement et la stabilisation du corps afin de renforcer la coupe et sa position.

Si nous prenons le cas d'un chudan tsuki avec le jo, le principe reste le même. Le jo part et le corps suit, comme happé par l'avancée du jo. Il est difficile de contrer une telle attaque, car tori juge l'attaque de uke par le mouvement de son corps. Or au départ, le corps ne bouge pas alors que la pique est déjà lancée. Quand tori perçoit le corps de uke qui bouge à la suite de son jo, c'est déjà trop tard : le jo est sur lui. Pour uke l'avantage là aussi est de se protéger en ne livrant pas son corps sans que l'arme ne lui ait ouvert la route au préalable. Mieux, le corps qui arrive derrière l'impact de l'arme permet d'appuyer avec toute la puissance et le poids d'un corps en mouvement. C'est pour cela que le tsuki au jo est autant un impact qu'un transpercement, qui demande l'appui du corps, dans la tradition de la pratique de la lance.

Pour terminer, voyons une attaque au tanto. Comme l'arme est courte, l'erreur est d'autant plus flagrante. Si le corps s'engage avant la lame, n'importe quel pratiquant avec un an d'entraînement est capable de bloquer l'attaque dans le creux du coude de uke par exemple. Là encore, la lame doit commencer à descendre ou piquer avant que le corps ne bouge. Le travail devient alors plus compliqué pour tori, qui ne peut atteindre facilement uke, lequel se trouve protégé derrière sa lame. Il est obligé de travailler son esquive et son déplacement et renforcer le déséquilibre chez uke. Esquive, déplacement, déséquilibre : ce sont là toutes les bases de l'Aïkido. Mais elles ne sont vraiment réalisables que si l'attaque de uke est correcte, c'est-à-dire en respectant le principe de l'arme qui devance le corps.

 

joomla template gratuitjoomla free templates
2024  Aikido Club de Montarnaud  globbers joomla template