Koichi Tohei, le fondateur du Ki Aïkido.

Par Nicolas DE ARAUJO

 

 

Premier 9ème puis 10ème dan de l'histoire, Koichi Tohei est un personnage clé de l’histoire de notre discipline. Directeur technique du Hombu Dojo pendant 18 ans, il fut le professeur de la grande majorité des instructeurs formés au Hombu Dojo pendant cette période. Promoteur charismatique, son influence dans le développement et l’enseignement de l’Aïkido est considérable. Pionnier en occident, il fut le premier à introduire et développer l’Aïkido à Hawaï et aux États-Unis. Etudiant le Zen et le Misogi, il prônait l’unification du corps et de l’esprit dans la pratique de l’Aïkido. Séparé de l’Aïkikaï en 1974, il fonda son propre style, le Shin Shin Toitsu Aïkido, surnommé le Ki Aïkido.

Biographie parue dans le magazine Self & Dragon Spécial Aïkido n°16 de janvier 2024.

 

Koichi TOHEI (藤平光一) est né le 20 janvier 1920 à l’hôpital Shitaya de Tokyo. A la suite des difficultés financières que rencontre son grand-père paternel, Koichi et sa famille doivent quitter leur ville de Tochigi, située au nord de Tokyo pour aller vivre dans la maison familiale située dans la ville d'Utsunomiya en 1923. Souffrante depuis plusieurs années, sa mère décède d'une pneumonie alors qu'il est encore enfant.

 

Un enfant chétif

Koichi est un garçon de faible constitution et souvent malade. Dans le but de fortifier sa santé, son père, 4ème dan de Judo universitaire, lui enseigne la discipline dès l’âge de 9 ans. Par la suite, le jeune Koichi rejoint le club de Judo de son école. Doué pour la pratique, il obtient sa ceinture noire à l’âge de 14 ans. Deux ans plus tard, il intègre l'école préparatoire et le Judo club de l'université Keio de Tokyo pour suivre les traces de son père et de son grand-père. Par malchance, Koichi contracte une pleurésie à la suite d'un choc à la poitrine lors d'un entraînement. Hospitalisé puis mis au repos forcé dans la maison familiale, la maladie l'éloigne de l'école pendant une année. Le jeune garçon comble le temps par de nombreuses lectures sur la méditation, la religion, l'histoire et l'éducation métaphysique.

 

L’étude du Zazen

Il découvre l’existence d’un dojo Zen nommé « Ichikukai » en lisant la biographie du célèbre samouraï Yamaoka Tesshu, rédigée par son disciple Tetsuju Ogura. Ne pouvant supporter l'idée de perdre sa condition physique, qu’il avait si durement gagné, il décide de remplacer le Judo par d'autres formes d'entraînement. En cachette de sa famille, Koichi intègre le Ichikukai dojo de Nakano. Il débute la pratique du Zazen sous la tutelle du moine Josei Ohta, chef du temple Daitokuji. Le jeune homme met tout son cœur et n’hésite pas à pratiquer toutes les formes d’ascétisme aussi dures qu’elles soient. En aout 1937, Koichi est autorisé à débuter la pratique du Misogi et ses techniques de respiration venant de la religion Shinto, avec Tetsuju Ougura et son successeur Tesso Hino. Grâce à ses pratiques ascétiques, la maladie de Koichi disparaît complétement au bout de quelques mois. Les médecins l'autorisent alors à reprendre les arts martiaux. La reprise du Judo ne le satisfait pas, Koichi trouve que celui-ci ne s’intéresse qu'aux mouvements du corps et ignore le mouvement de l'esprit. Malgré l’obtention de son deuxième dan, il perd son enthousiasme pour la discipline et abandonne progressivement sa pratique. 

 

La rencontre avec Maître Ueshiba

En 1939, l’un de ses anciens instructeurs de Judo, Matsuei Mori, lui recommande de se tourner vers l'Aïki Budo et lui fournit une lettre d’introduction auprès de Maître Ueshiba. Koichi se présente au Kobukan dojo et assiste à une démonstration du maître avec un disciple. Tohei reste perplexe devant la fluidité de ses mouvements et la facilité avec laquelle il projette son assaillant. Maître Ueshiba lui propose alors d’enlever sa veste et de l’attaquer comme il le souhaite. Koichi l'attaque alors de toutes ses forces mais se retrouve étendu sur le tapis sans avoir senti quelles parties de son corps avaient été touchées. Heureux d'avoir trouvé la voie qu'il cherchait, il demande immédiatement la permission à Ueshiba Sensei de devenir son élève et débute l'étude de l'Aïki-Budo dès le lendemain.

 

Une progression rapide

Agé de 19 ans, le jeune Tohei se rend tous les jours au Kobukan dojo tout en poursuivant sa formation à l’Ichikukai. Il passe ses nuits à pratiquer le Zazen et le Misogi dans le but d’atteindre une sorte d’état d’éveil. Bien qu’épuisé par le rythme et l’intensité de ses entrainements, Koichi progresse rapidement en Aiki-Budo. Après un an de pratique, il commence à accompagner maitre Ueshiba dans ses déplacements et parfois enseigne même en son nom. Bien qu’il n’ait pas encore de grade en Aïki-Budo, il enseigne à l’école de la police militaire de Nakano, à l'école privée de Shumei Okawa, au dojo Matsudaira de Sanrizuka et donne des cours privés à Sosaburo Okada, le président d’une importante compagnie.

 

Envoyé au front

Dans un Japon pris dans la tourmente de la guerre, Koichi sort diplômé en économie de la prestigieuse université Keio, six mois plus tôt que prévu. Comme la plupart des élèves du Kobukan, il est incorporé dans l'armée impériale japonaise. Le 1er octobre 1942, il est envoyé à Utsunomiya pour faire ses classes en tant que deuxième classe d’infanterie. Tohei passe avec succès l’examen des cadets militaires et intègre l’école des officiers de réserve, en avril 1943, pour y faire huit mois d’entrainement. En février 1944, il est envoyé au front comme lieutenant en second d'une unité combattante en Chine occupée. Agé de 23 ans, Koichi stationne dans les villes de Nankin, Hankeou, Gakasu, Changsha et Shotaki et fait l’expérience du front pendant plusieurs mois. Bien qu’étant aux avant-postes, il met un point d’honneur à ne tuer aucun soldat chinois. Il relâche systématiquement les espions qu’il capture et n’envoie aucun prisonnier au quartier général pour éviter qu’il ne soit tué. Il interdit à ses hommes de maltraiter les villageois et de voler. Grâce à sa politique, les soldats chinois n’attaquent pas son territoire. Quand Tohei reçoit l’ordre de stopper le combat en mars 1945, il ramène indemne ses 80 soldats sans aucun blessé parmi eux.

 

Retour au pays

Rapatrié au Japon en août 1946, il retrouve sa famille et reprend contact avec Ueshiba Sensei. Ce dernier réside désormais à Iwama. Il y a transféré son dojo de Tokyo et cultive la terre avec quelques élèves. Koichi reprend son entraînement intensif auprès de son maître et participe aux travaux de la ferme. Promu 5ème dan par Maître Ueshiba quand il était à l’armée, ce dernier lui attribue le grade de 6ème dan, peu de temps après son retour au pays. Tohei reprend également l'étude du Zen et du Misogi au dojo Ichikukai. S’il est heureux de retrouver Hino Sensei, il apprend malheureusement la disparition des maitres Josei Ota et Testuju Ogura, tous deux décédés avant la fin de la guerre. Koichi partage son temps entre la pratique de l’Aïkido, du Misogi auprès de ses maîtres et son travail de fermier dans sa demeure familiale.

 

La rencontre avec Tempu Nakamura

Koichi reçoit, de la part d’un ami, une lettre d'introduction pour le maître de Yoga, Tempu Nakamura, qui enseigne au temple Gokokuji de Tokyo. Espion pendant la guerre russo-japonaise, il est ensuite parti pratiquer le Yoga dans l’Himalaya pour soigner sa tuberculose, maladie incurable à cette époque. Nakamura Sensei l’initie à la voie de l’unification du corps et de l’esprit (Shïnshïn Toïtsu Do). A son contact, Koichi affine sa compréhension des principes du Ki, qui lui serviront par la suite à développer sa méthode personnelle. Koichi et son père investissent leur argent et leur énergie dans le commerce du charbon activé. Mais dans un contexte économique d'après-guerre difficile, l'usine fait faillite et Koichi décide de retourner s'entraîner à Iwama auprès de Maître Ueshiba. Ce dernier lui décerne le haut grade de 8ème dan en 1952, Tohei Sensei est alors âgé de 32 ans.

 

Pionnier à Hawaï

En février 1953, Tohei Sensei se rend à Hawaï sur l'invitation du Hawaï Nishi Kai, fondé par le Docteur Katsuzo Nishi. Dans l’archipel américain, il effectue une série de démonstrations où il doit faire face à des pratiquants gradés de Judo, de Kendo et à des lutteurs. Il se rend également en Californie en mai et fait une démonstration au championnat national AAU de Judo à San José. Promoteur charismatique, Maître Tohei séduit le public des émigrés japonais qui découvrent pour la première fois cet art martial inconnu. Il reste sur l’archipel Hawaïen pendant plusieurs mois, crée plusieurs dojos estampillés Aikikaï et enseigne également dans des commissariats de police. Après sa visite initiale, maître Tohei revient dans l’archipel en 1955 et y reste un an. Il visite plusieurs états américains et y renforce sa réputation grandissante d’expert d’Aïkido en occident. Il collecte des fonds, auprès des groupes d’Aïkido d’Hawaï, pour les envoyer au Japon afin de faire réparer le Hombu Dojo de Tokyo bombardé pendant la guerre et pour l’achat de nouveaux tatamis. Au contact des grands gabarits hawaïens et américains, Tohei Sensei doit s’adapter et modifie une partie des techniques du Fondateur car il les estime inefficaces.

 

 

Leader des enseignants de l’Aïkikaï

Ses succès en Amérique lui apportent un statut particulier au sein de l'Aïkikaï, dont le siège central (Hombu Dojo) vient de revenir à Tokyo. A son retour, en mai 1956, Koichi est nommé instructeur en chef (Shihan Bucho) du Hombu Dojo alors que le fils du Fondateur, Kisshomaru Ueshiba, est nommé Directeur. Chef technique de l’école d’O Sensei, il est également chargé de démontrer l’efficacité de l’Aïkido aux élèves des autres écoles d’arts martiaux. La plupart des jeunes uchi deshi et des étudiants réguliers suivent ses cours. Sa méthodologie d’enseignement, rationnelle et moins ésotérique que celle du Fondateur, influence considérablement toute une génération de futurs instructeurs. Certaines suivent son exemple en pratiquant la respiration Misogi à l'Ichikukai ou en rejoignant le Tempukai de maître Nakamura. Sous l’impulsion du Doshu Kisshomaru Ueshiba et de Koichi Tohei, l’Aïkikaï connait une période de développement importante et l’Aïkido commence à être enseigné dans les universités et les clubs d’entreprise. Tohei Sensei conçoit et sélectionne des mouvements Jumbi Dosa et Jumbi Undo pour enseigner à de nombreuses personnes n’ayant aucune expérience martiale. Certains des instructeurs les plus expérimentés n’approuvent pas ses méthodes « modernes » et continuent d’enseigner à leur manière marquant un premier point de discorde au sein de l’Aïkikaï.

 

Promotion au 9ème dan

En 1959, Tohei Sensei effectue son troisième voyage à Hawaï où il développe l’Aïkido dans plusieurs états américains. A son retour, il devient le premier enseignant à être promu au grade de 9ème dan, par maître Ueshiba, en mai 1960. Bien qu’O Sensei reste la référence tutélaire, Koichi Tohei est alors l’enseignant le plus connu en Occident, du fait de ses nombreuses démonstrations et de la publication de son premier livre en anglais « The Arts of Self Defense » en 1961. Il est l’un des premiers maîtres japonais à parler anglais. Il est populaire en raison de sa virtuosité technique et pour son approche ludique de l’entraînement. A cette époque, l’image que les Américains ont de l’Aïkido est essentiellement basée sur le concept du Ki de Tohei Sensei qui a, hors du Japon, une influence plus importante que le fondateur lui-même. De février à avril 1961, Koichi Tohei et Nobuyoshi Tamura accompagnent Maître Ueshiba pour son premier et unique voyage hors du Japon. Organisé par Tohei Sensei, ce séjour a pour but l'inauguration de l'Aïkikaï d'Honolulu. La quatrième visite de maître Tohei dans l’île dure plus d’une année. Il enseigne dans divers états de la côte ouest américaine avant de retourner au Japon en mars 1962. L’événement fait l’objet d’un article dans le célèbre magazine américain Black Belt de janvier 1962. Pendant son séjour, il rédige un second ouvrage en réponse à la demande de ses élèves américains, « What is Aikido » est publié en septembre 1962.

 

Développement de l’Aïkido aux USA

Plusieurs étudiants hawaïens seniors de Tohei Sensei, tels qu'Isao Takahashi, Ben Sekishiro, Tokuji Hirata, Clem Yoshida et Roderick Kobayashi déménagent en Californie à la fin des années 1950 et au début des années 1960, favorisant ainsi l’implantation durable de l'Aïkido sur le continent américain. Tout au long des années 60, sous l’influence de Koichi Tohei, de nombreuses écoles affiliées à l'Aikikai ouvrent leurs portes, notamment dans l'ouest des États-Unis. En 1964, Tohei Sensei projette de se rendre à l’exposition universelle de New York pour effectuer une démonstration au pavillon Japonais. Mais en raison d’une blessure, il doit céder sa place au jeune Yoshimitsu Yamada. Il retourne à nouveau aux USA, en 1965 et en 1967, pour y conduire des séminaires à Hawaï et dans plusieurs états. Il se rend également à Guam et aux philippines en 1965. Il assure la promotion de l’art dans les médias. Ses séjours américains font l’objet de plusieurs articles dans le magazine Black Belt et en 1966, Tohei Sensei publie un nouveau livre intitulé « L’Aïkido dans la vie quotidienne ». Une vidéo pédagogique et promotionnelle nommée « Aïkido Calisthenics », doublée en anglais est également produite sous l’égide de l’Aïkikaï en 1969. Tohei Sensei est accompagné des uchi deshi et présente des exercices préparatoires, de nombreuses techniques et démontre même des techniques de self défense féminine et des techniques d’arrestation.

 

La succession de maître Ueshiba

Le 15 janvier 1969, O Sensei lui attribue le grade de 10ème dan lors de la célébration du nouvel an « Kagami Biraki » au Hombu Dojo. A la suite du décès du Fondateur en avril, la succession en tant que gardien de la voie (Doshu) ouvre la porte à des discussions entre les décideurs de l’Aïkikaï. Certains, tel que le ministre Sunao Sonoda, proposent la candidature de Koichi Tohei. Un vote est organisé entre deux candidats : Kisshomaru Ueshiba, le fils du Fondateur et Koichi Tohei. Grâce à l’appui des voix des maîtres fidèles à la famille Ueshiba, Kisshomaru est nommé Doshu. Après une année de deuil officiel, Tohei Shihan, instructeur en chef, se voit décerner officiellement le premier 10ème Dan de l'histoire, le 16 octobre 1970, au cours d’une cérémonie regroupant 250 personnes au royal hall prince hôtel d’Akazaka. Liés l’un à l’autre par leurs mariages avec deux sœurs, les deux hommes assurent la promotion et le développement de l’Aïkikai en bonne intelligence. Kisshomaru Ueshiba en tant que Doshu et Directeur général et Koichi en supervisant l’enseignement et le volet technique de la discipline.

 

L’étude du Ki

Pendant quelques années, Tohei Sensei est le "leader" des enseignants du Hombu Dojo et propose alors d’ouvrir des "cours sur l’étude du Ki" afin d’unifier le corps et l’esprit. Sa requête est rejetée par le Doshu et son bras droit Kisaburo Osawa, administrateur en chef (Dojocho) de l’Aïkikaï. Cependant, il est autorisé à enseigner le développement du Ki en dehors du Hombu Dojo. Ainsi, en septembre 1971, tout en restant instructeur en chef de l'Aïkikaï, Koichi Tohei fonde la société de recherches sur le Ki, le « Ki no Kenkyukaï », afin de transmettre les principes du Ki. Dans son école, Tohei Sensei détermine les quatre principes fondamentaux pour unifier le corps et l’esprit : se concentrer sur un seul point, se détendre complétement, maintenir le poids en dessous et étendre le Ki. Il rencontre rapidement le succès et voit sa réputation dépasser la frontière des arts martiaux. Il est sollicité pour enseigner ses théories à des joueurs professionnels japonais de Baseball dont les célèbres Sadaharu Oh et Shigeho Nagashima des Yomiuri Giants. Il enseigne également les principes du Ki à des joueurs professionnels de Golf. En 1973, Maître Tohei entreprend une importante tournée aux Etats-Unis, en passant par Hawaï, Portland, Washington, Chicago et se termine en Californie. L’évènement sera à nouveau couvert par le magazine Black Belt.

 

Rupture avec l’Aïkikai

Sa relation avec Kisshomaru Ueshiba se détériore progressivement et atteint le point de non-retour en mars 1974. Le Doshu envoi l’ordre aux instructeurs américains de ne plus accueillir Tohei Sensei et de retirer son portrait des Dojos. Le 30 avril, après un échange avec le Doshu, Tohei Sensei se résigne à quitter l’Aïkikaï après plus de 30 années de service. Le 1er mai, il fonde la Société d'Aïkido pour coordonner le corps et l'esprit, le «Shin Shin Toitsu Aïkidokaï » et envoie,  deux semaines plus tard, une lettre dans les dojos pour expliquer les raisons de son départ. Dans le but de les rallier à sa cause, il convoque, lors d’une réunion à Los Angeles, les représentants d'une cinquantaine de dojos californiens et leur demande de déclarer leur loyauté envers lui ou l'Aïkikaï. Cette scission provoque un schisme important parmi les pratiquants américains, qui se voient contraints de choisir entre les deux camps. Les effets de cette crise se font également sentir au dojo central de Tokyo ou parmi les instructeurs du Hombu Dojo, Koretoshi Maruyama, Shizuo Imaizumi, Iwao Tamura, Minoru Kurita, Fumio Toyoda et Shuji Maruyama le suivent sans hésiter. 

 

Indépendance et reconnaissance

Koichi Tohei développe par la suite sa propre méthode qui inclut divers exercices pour développer le Ki et un nombre limité de techniques d'Aïkido. Aux Etats-Unis, ses idées rencontrent un accueil favorable et bénéficient d’une meilleure attention. Tohei Sensei nomme son école à l’internationale la « Ki Society International ». Il enseigne des cours d’Aïkido et de développement du Ki, à l’université d’Hawaï, au collège Fullerton, au collège Lewis and Clarck et donne des séminaires à des docteurs, des juristes, des professeurs et des étudiants. Le milieu des années 70 voit également l'arrivée en Amérique de deux instructeurs de premier plan du Shin Shin Toitsu Aïkido restés fidèles à Tohei après son départ de l'Aikikai. Shizuo Imaizumi s'installe à New York et Fumio Toyoda à Chicago. Au Japon, c’est la consécration pour le Ki no Kenkyukaï qui reçoit l’approbation officielle du ministère japonais de la Santé, du Travail et de la Protection sociale en octobre 1977. Six années après sa création, c’est la reconnaissance que les principes du Ki contribuent à la promotion de la santé nationale. Au cours de la même année, Tohei Sensei accorde son premier entretien au magazine américain Black Belt depuis sa rupture avec l’Aïkikaï. Il revient sur son parcours et succinctement sur son différend avec le fils du fondateur.

 

Développement international

Poursuivant le développement international de la Ki Society, Koichi Tohei délègue son disciple Kenjiro Yoshigasaki en Europe en 1977. Très actif, il donne de nombreux stages, permet l'éclosion de plusieurs dojos et ouvre la voie au Ki Aïkido sur le vieux continent. Un an plus tard, Tohei Sensei se rend pour la première fois en Europe. Il présente son art au Royaume-Uni, en Belgique, en Allemagne, en Italie et en France. Le Shin Shin Toitsu Aïkido attire de multiples adeptes et se répand ensuite, aux Pays-Bas, en Espagne, en Autriche, en Finlande et en Suède. En parallèle de ses séminaires, Tohei Sensei publie « Le Ki dans la vie quotidienne » en 1978 puis « Le livre du Ki » deux ans plus tard. Traduits en plusieurs langues, ses deux ouvrages rencontrent un succès important et seront ensuite réédités à plusieurs reprises. Pour faire face à la demande croissante de ses nombreux disciples à travers les continents, il structure sa méthode d’enseignement. En 1980, il crée le Ki No Genri Jissenkai, une organisation dédiée à l'enseignement de l'application des principes du Ki à la vie quotidienne. Puis l’année suivante, Tohei Sensei établit le quartier général de la Ki Society pour former les instructeurs aux principes du Ki. Enfin, il crée la « Ki-Aikido Academy », un programme de formation destiné à ses étudiants japonais et étrangers. Koichi Tohei utilise également ses compétences pour concevoir une thérapie alternative qu’il nomme Kiatsu. Avec sa méthode, il soigne l’épaule disloquée du célèbre lutteur de Sumo, Chiyonofuji Mitsugu. Parfaitement guéri, ce dernier remportera par la suite 69 combats d’affilée, un record.

 

Une renommée dépassant les frontières  

En ce début des années 80, la renommée de Koichi Tohei est au sommet. Pour lui, le Ki est universel et ses méthodes peuvent s’appliquer à toutes les activités. Il distille notamment les principes de la respiration Ki dans plusieurs compagnies japonaises importantes. Au "Koichi Tohei Ki Dojo", parrainé par l'Association japonaise des consultants en gestion, il enseigne à plusieurs centaines d’hommes d'affaires comment soulager leur pression mentale. Ses préceptes sont également suivis par de nombreuses personnalités telles que des musiciens, des photographes, des chanteurs, des acteurs de Kabuki et de Nô, des calligraphes, des sportifs professionnels, des philosophes ou encore des policiers.

 

Retour à Utsunomiya

Fin octobre 1990, les installations du nouveau quartier général mondial de la Ki Society sont achevées. Un grand complexe nommé « Ki no Sato », muni d’un dojo de 520 tatamis est inauguré près de sa terre natale, à Utsunomiya, au nord de Tokyo. Si sa réputation liée à sa maîtrise du Ki est importante, la croissance du Shin Shin Toitsu Aikido est restée modeste et plusieurs de ses proches disciples japonais et étrangers ont quitté l’organisation au fil des ans. Agé de 70 ans, Maître Tohei se retire, à Utsunomiya, le 28 octobre 1990 et désigne Koretoshi Maruyama comme son successeur technique et Président du Ki No Kenkyukai de Shinjuku.

 

Controverse et réhabilitation 

En juillet 1995, bien qu’il se soit très peu exprimé ces deux dernières décennies, maître Tohei accepte d’être interviewé par Stanley Pranin, historien américain et rédacteur en chef du magazine Aïkido Journal. Au cours de son interview, il rompt ce long silence en racontant avec son franc-parler ses années au Hombu Dojo, sa relation complexe avec le Fondateur et son fils ainsi que ses différends avec les dirigeants de l’Aïkikaï. Son approche critique et démystifiante du Fondateur suscite une importante controverse dans le monde de l’Aïkido. A la suite de leur entretien, Stanley Pranin persiste dans son objectif de réhabilitation en rédigeant une série d’articles afin de rétablir la vérité sur le rôle incontournable de celui qui fut le premier 10ème dan d’Aïkido de l’histoire.

 

Dernières années

Le 23 octobre 2007, Tohei Sensei nomme son fils, Shinichi Tohei, comme successeur technique et Président du Ki No Kenkyukai. Ne pouvant plus marcher, maître Tohei cesse ses activités d’enseignement tout en continuant à suivre le développement du Shin Shin Toitsu Aikido. Koichi Tohei s’éteint le 19 mai 2011 à l’âge de 91 ans. Ses funérailles se déroulent au temple Tsukiji Honganji devant un parterre de 1200 personnes venues lui rendre un dernier hommage.

 

Place dans l’histoire et Héritage

Premier disciple de Morihei Ueshiba à avoir reçu officiellement le 9ème puis le 10ème dan, il tient une place privilégiée dans l’histoire de l’Aïkido. Dans les années d’après-guerre, Koichi Tohei fut l'une des figures emblématiques de la diffusion de l'Aïkido et l'un des piliers de l'Aïkikaï Hombu Dojo. Pionnier, Tohei Sensei posa les fondations de l’Aïkido à Hawaï puis aux Etats-Unis. Particulièrement doué, il était réputé pour être le plus fort après O Sensei. Directeur technique du Hombu Dojo pendant 18 ans, il fut le professeur de la grande majorité des Shihans formés pendant cette période : Tada, Arikawa, Yamaguchi, Okumura, Tamura, Noro, Y. Kobayashi, Yamada, Chiba, Sugano, Kanai, Saotome, Ichihashi, Sasaki, Endo... tous ont étudié sous sa direction. Précurseur et novateur, il légua en héritage de nombreux exercices encore pratiqués de nos jours dans les dojos. En synthétisant les enseignements de ses maîtres, Ueshiba et Nakamura Senseis, associés aux fruits de ses premières expériences à Hawaï et aux USA, il conçu une méthode d’enseignement basée sur l’unification du corps et de l’esprit accessible au plus grand nombre. Promoteur charismatique, Tohei Sensei fut l'un des rares maîtres japonais capable de parler couramment l'anglais et exerça une grande influence sur les méthodes d'enseignement adoptées aux Etats-Unis. Presque tous ses ouvrages ont rencontré le succès, contribuant grandement au succès de l’art. Personnalité controversée, il fut écarté en raison de divergences avec le second Doshu Kisshomaru Ueshiba et l’opposition d’un large groupe de Shihan de l'Aïkikaï quant à l’évolution technique de l’Aïkido. Sa « trop grande » aura éclipsant parfois la famille Ueshiba et quelques écarts de conduite ont certainement contribué à sa mise au ban. Cela le condamna à voir son importante contribution effacée en grande partie des tablettes officielles de l’Aïkikaï. Koichi Tohei échoua dans sa tentative d’imposer sa pédagogie basée sur le Ki. Malgré ses efforts et la création de son école, il ne put développer qu’un courant mineur dans le monde de l’Aïkido.

 

La Ki Society aujourd’hui

Sous l’égide de son fils et successeur, la Ki Society compte actuellement plus de 50 000 pratiquants à travers le monde. Fruit du riche parcours de Koichi Tohei, l’expérience de l’unification de l’esprit et du corps est aujourd’hui étudiée au travers de 5 disciplines : le Ki-Aïkido, la Ki-méditation, la Ki-Respiration, le Kiatsu et la méditation en groupe au son d’une cloche « Sokushin No Gyo ». Même si plusieurs étudiants de Tohei Sensei se sont séparés du Shin Shin Toitsu Aikido et ont créé leurs propres organisations, il laisse derrière lui plusieurs générations d’élèves et une marque indélébile dans l’histoire de l’Aïkido et dans la vie de ceux qui l’ont rencontré.

 

Voyageant régulièrement à travers les deux continents, il fut également le professeur de nombreux gradés nord-américains dont Robert KUBO (Shihan 8ème dan), Tokuji HIRATA, Roy SUENAKA (8ème dan), Isao TAKAHASHI (7ème dan), Ben SEKISHIRO, Clem YOSHIDA, Harry ISHISAKA (5ème dan), Roderick KOBAYASHI (6ème dan), Calvin TABATA (8ème dan), Koichi KASHIWAYA (8ème dan), Franck DORAN (Shihan 8ème dan), Kenneth WILLIAMS, Kenjiro YOSHIGASAKI (8ème dan), David E.SHANER (7ème dan), Terry PIERCE (7ème dan), Walter TODD (8ème dan), David CURRIE (7ème dan), George SIMCOX (6ème dan), Michel SOULENQ (7ème dan) ou encore Steven SEAGAL (7ème dan).

 

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