Tenue du sabre (ken no kamae)

Toshiro SUGA Shihan et Nicolas à Lesneven

 

Avec un Katana, la coupe se fait uniquement avec les dix premiers centimètres de la lame, partie appelée Monouchi, littéralement « objet qui frappe ». Lorsqu'il est manié seul, le Katana se tient à deux mains ; l'exception la plus notable est le style Niten Ryu où l'on utilise simultanément les deux sabres.


Lors de la pratique, il faut s'attacher à garder sa rectitude (Shisei) afin d'être toujours équilibré. Le pratiquant ne doit montrer aucune intention, afin de pouvoir surprendre son adversaire.


Au cours de l'histoire, les armes ont évolué et donc la tenue du sabre également :

- Longueur et poids des armes : lourdes aux époques de guerres sur champ de bataille à cause des armures à transpercer, avec port de gants (Kote), légères en période de paix, lames plus fines, maniement plus subtil.

- Les progrès de la métallurgie — forge et alliages — qui modifièrent les sabres.

- L'évolution des techniques de combat, avènement du Iaijutsu (frapper en dégainant dans un seul mouvement).


On remarque que les écoles anciennes (Koryu), telle que Katori Shinto Ryu, ont des saisies différentes (plus forte, comme une saisie de hache de bûcheron) des pratiques codifiées plus récemment telles que Muso Shinden Ryu ou Jikiden Ryu.

Aujourd'hui, le développement moderne conjoint du Kendo et du Iaïdo, généralise un type de saisie commun.

 

 

LA SAISIE DU KEN

Cette saisie n'est pas aisée à assimiler. La poignée (Tsuka) du sabre (Katana) à la longueur de trois largeurs de paumes. On positionne la main droite en haut de la poignée, contre la garde (Tsuba), et la main gauche en bas de la poignée, le petit doigt étant à cheval sur le bord de la poignée (Kashira) ; ce placement est le même pour les gauchers et les droitiers. Ceci permet d'avoir à la fois :

- Une puissance de coupe, donnée par la main basse : le sabre étant tenu par son extrémité, le rayon décrit par le bout de lame (Monouchi) lors d'une coupe (Giri) est le plus grand et donc la vitesse maximale.

- Une précision de coupe, donnée par la main haute qui guide.

     

Les mains doivent être sur le dessus de la poignée ; ceci paraît évident lorsque l'on coupe avec un couteau, mais cette position est peu naturelle lorsque l'on tient le sabre à deux mains, et ce d'autant plus que comme on n'effectue plus de coupe réelle (sauf les pratiquants de batto do), les pratiquants n'expérimentent pas l'importance de la chose. Il faut donc se forcer à tourner les mains sur l'intérieur, dans un mouvement similaire à l'essorage d'un linge, afin que la base de l'index et le milieu du talon de la paume soient en contact avec le dessus de la poignée ; on utilise l'expression Te no Uchi, « intérieur des mains », ou encore Shibori.

 
Les avantages qu'on en retire lorsqu'on l'a acquise sont nombreux : réduction du risque de tendinite, l'adhérence de la poignée est parfaite sans occasionner de crispation ; c'est une saisie légère et efficace, rendant pratiquement impossible le désarmement. Cette position doit être conservée constamment, notamment lors des changements de garde ; par exemple lorsque l'on arme pour frapper de haut en bas, cette position des mains limite l'élévation des bras, les mains se retrouvent au dessus du front et ne peuvent pas passer au dessus de la tête.


Par contre, cette saisie fait perdre en mobilité et provoque des contractions musculaires chez le débutant. Il peut donc être judicieux, à la discrétion de l'enseignant, de ne pas porter trop d'attention à la tenue dans un premier temps afin de ne pas bloquer le pratiquant. Par ailleurs, certains mouvement de réception du sabre adverse nécessitent le relâchement de cette tenue afin d'amortir le choc et de conserver l'équilibre.

La pointe du Katana ("Kissaki") doit être dirigée vers les yeux ou la gorge de l'adversaire et le pommeau ("Kashira") vers votre centre ("Hara"), c'est à dire entre le noeud de ceinture et le nombril. Vous devez toujours vous trouver avec votre sabre face à votre centre. Tenez votre sabre à une trentaine de centimètres de vous.


Il est également important de garder les coudes dirigés vers le bas. Le buste doit rester droit (Shisei) afin de maintenir l'équilibre, le bas du dos relâché afin de permettre une grande mobilité, les épaules sont également relâchées. La tête est placée légèrement en recul, comme si l'on voulait aligner le front, le menton et le nombril sur une ligne verticale, afin de protéger le visage.